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Avec Pêr Denez, un ardent prof de breton disparaîtOuest-France, dimanche 31 juillet 2011 Linguiste renommé et écrivain bretonnant, Pêr Denez est mort à l'âge de 90 ans dans la nuit de vendredi à samedi à Romillé, près de Rennes. Il a consacré sa vie au renouveau du breton.À entendre les hommages qui s'expriment après la mort de Pêr Denez, on pense à l'adage africain : « Quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle ». À ceci près que le vieux monsieur qui vient de s'éteindre a contribué à sauver une langue qui devenait surtout orale, le breton, en garnissant les bibliothèques de méthodes, d'essais ou de romans écrits en breton. « Écrivain infatigable », selon Glenn Jégou, de l'association Skeudenn Bro Roazhon, Per Denez est d'abord un formidable artisan du renouveau de la langue bretonne. « Son fer de lance », même, insiste Hervé Le Bihan, professeur de breton et chercheur à Rennes 2. Détaillant les 21 années de recherche « et de militantisme » de Pêr Denez au département d'études celtiques de l'université, notamment à sa tête, Hervé Le Bihan rappelle que « c'est grâce à lui que l'on a obtenu une licence de breton en 1981, lors de l'élection de François Mitterrand. La qualité de son travail de linguiste et son action auprès des politiques ont fini par faire sauter le verrou. Puis le Capes s'est ouvert en 1986, enfin on a complété avec le Deug en 1989. » Il souligne aussi « l'envergure internationale » de Pêr Denez : lorsqu'en 2000, il coordonne « un ouvrage de mélange » (un livre où des universitaires rendent hommage à un de leurs pairs en travaillant sur ses sujets), il note que les contributeurs viennent d'un peu partout, d'Irlande, d'Allemagne, d'Espagne, des États-Unis... mais aussi du Japon ! Le livre le plus connu de Pêr Denez est une méthode de langue : Breizhoneg buan hag aes (Le breton facilement et rapidement). Sortie en 1972, elle a formé des étudiants et des bretonnants amateurs pendant 20 ans. Ce succès a pu valoir en ricochet à son auteur de vifs débats, certains de ses pairs lui reprochant d'avoir simplifié l'orthographe du breton. « Des discussions de salon. Quand une langue est en train de mourir, il faut d'abord la sauver ! » estime Jean-Louis Latour. Cet ami, qui avait rencontré Pêr Denez dans le cadre de la confédération Kendalc'h et le Conseil culturel de Bretagne, aimait avant tout chez lui, « son engagement pour la Bretagne. Une passion affinée par la finesse de ses analyses ». Les obsèques de Pêr Denez seront célébrées mercredi, à 14, à l'église Saint-Melaine à Rennes.
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